mardi 24 avril 2007

Germinal - Siglo XX

Je ne suis pas spécialiste de littérature française, mais il fallait bien un jour où l'autre que je lise Germinal. J'avais vu le film, qui après tout n'était pas si mauvais, mais le livre est un chef d'oeuvre de documentation et de réalisme sur le travail et la vie dans les mines. Pour connaître ce sujet, j'y ai vu de troublantes correspondances avec les différents témoignages de mineurs boliviens que j'avais pu lire ou recueillir. Quelques années les séparent, mais les mineurs de Germinal et les mineurs boliviens mènent au fond la même existance et les mêmes combats.
Je ne résiste pas à vous citer quelques passage du roman de Zola, ceux qui m'ont paru les plus significatifs. J'associe ces descriptions à des photos prises dans la mine de Siglo XX (Département de Potosi, Bolivie).
A propos de la mine, l'auteur dit:
"Cette fosse, tassée au fond d'un creux, avec ses constructions trapues de briques, dressant sa cheminée comme une corne menaçante, lui semblait avoir un mauvais air de bête goulue, accroupie là pour manger le monde."
"Et le Voreux, au fond de son trou, avec son tassement de bête méchante, s'écrasait davantage, respirait d'une haleine plus grosse et plus longue, l'ai gêné par sa digestion pénible de chair humaine."

(Photo:Luis CHUGAR)

Puis il décrit les habitations des mineurs:
"Ces constructions de briques, installées économiquement par la Compagnie, étaient si minces, que les moindres souffles les traversaient. On vivait coude à coude, d'un bout à l'autre; et rien de la vie intime n'y restait caché, même aux gamins."

(Photo:Luis CHUGAR)

Lors de la grande grève, les mineurs se battent à coups de briques contre les soldats qui défendent les mines:
"La pluie des briques redoublait, et {le capitaine} ouvrait la bouche, il allait crier: Feu! lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes, trois coups d'abord, puis cinq, puis un roulement de peloton, puis un coup tout seul, longtemps après, dans le grand silence.
Ce fut une stupeur. Ils avaient tiré, la foule béante restait immobile, sans le croire encore. Mais des cris déchirants s'élevèrent, tandis que le clairon sonnait la cessation du feu. Et il y eu une panique folle, un galop de bétail mitraillé, une fuite éperdue dans la boue."

(Photo:Luis CHUGAR)


(Le texte dit: "Ni morts ni oubliés, ils vivent dans les pensées du peuple.")

A propos des croyances:
"Oh! le curé, je m'en fiche!... Mais il y a l'Homme noir.
- Comment, l'Homme noir?
- Le vieux mineurs qui revient de la fosse et qui tord le cou aux vilaines filles."
"Des croyances endormies se réveillaient dans ces âmes éperdues, ils invoquaient la terre, c'était la terre qui se vengeait, qui lâchait ainsi le sang de la veine, parce qu'on lui avait tranché une artère. Un vieux bégayait des prières oubliées, en pliant ses pouces en dehors, pour apaiser les mauvais esprits de la mine."

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