lundi 21 avril 2008

Les montagnards de la nuit

Les montagnards de la nuit, Frison Roche, 1968.
Nous sommes en 1943 en Savoie et Haute-Savoie, dans des villages et des vallées dont les noms nous rappellent beaucoup ceux que nous connaissons bien. Encore un livre sur la guerre? Pas vraiment. Nous nous trouvons là à une période charnière dans la région et dans l'histoire en général, celle de la réactivation du maquis et de la résistance qui après 1940 avait été pratiquement neutralisée en Savoie. En 1943 donc les hommes se regroupent et les réseaux se reforment, plus organisés cette fois, encore plus décidés aussi à mener la bataille jusqu'au bout, celle qui les mènera à la libération. Peu importe de quelle tendance politique ils sont et quelles convictions profondes ils cultivent: une seule chose suffit à les rassembler, le désir de liberté, l'amour de leur terre et le courage qui les amène à se surpasser quels que soient les dangers et les risques à prendre.
Dans ce magnifique roman, Frison Roche ne nous décrit pas les horreurs de la guerre. Il nous présente plutôt ceux qui la font, ceux qui la vivent, à travers des portraits d'hommes et de femmes qui à leur manière se montrent héroïques. Une oeuvre particulièrement humaine donc, dans un contexte qui au fil des mois le devient de moins en moins, la répression s'accentuant et l'étau se reserrant sur le maquis savoyard. Alors que les Glières sont tombées et que le Vercors est en passe d'être neutralisé, ce côté ci des Aravis résiste encore tant qu'il peut.
Ces montagnards de la nuit nous font surtout découvrir ou redécouvrir des paysages bien connus -mais que nous regardons sous un autre jour- et surtout l'expression de la solidarité sans concession qui peut exister entre les hommes lorsque les circonstances deviennent dramatiques et l'exigent. Après cette lecture nous voilà donc encore une fois plus humbles face à l'Histoire, ayant compris, en lisant entre les lignes les doutes et les peurs des personnages, qu'avant de juger il est une question essentielle à se poser et à laquelle pourtant nous ne pouvons ni ne devons répondre: et nous, qu'aurions nous fait?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est vrai qu'une époque appartient d'abord à ceux qui l'ont vécu. Contentons nous déjà d'en récolter les témoignages.