samedi 24 juillet 2010

Les mines d'anthracite en Isère

La région au sud de Grenoble est réputée pour ses mines de charbon qui ont fermé relativement récemment: 1956 pour celle de la Motte d'Aveillans, 1997 seulement à la Mure. Dans tous les pays du monde, une ancienne région minière porte forcément les traces de l'activité industrielle et d'un mode de vie particulier dans le paysage. Anciennes installations peu à peu usées par la rouille mais encore debout, maisons alignées et semblables des mineurs, terrils, chemins de fers usagés. Autour de la ville de la Mure en Isère, presque toutes ces marques sont encore omniprésentes.
L'unique différence avec les mines du nord de la France étant en Isère l'absence remarquée de terrils, ces amas de roche rejetée des galeries et sans minerai exploitable. Dans les Alpes, les habitants disant non sans humour qu'ayant déjà des sommets, ils n'avaient pas besoin de montagnes supplémentaires, on a plutôt cherché à combler les combes existantes entre les cimes en y entassant ces tas de gravas sans minerai. C'est ce qu'on appelle des "rasiers". Remarquons que cette méthode est ignorée en Bolivie où on a formé d'autres montagnes, les "desmontes", à la manière de terrils qui ont redessiné le paysage.
Aujourd'hui, les anciens chemins de fer empruntés par les mineurs sont devenus une ligne touristique (dont je vous parlerai dans un autre article, quel suspense!) et la mine de la Motte d'Aveillans un musée où l'on peut se rendre compte de l'organisation du travail et entrer dans les galeries accompagné d'un guide qui raconte la vie de la mine et des mineurs. Mêlant une documentation pointue et des anecdotes plus personnelles confiées par les anciens travailleurs eux-mêmes, cette visite reste un document passionnant et l'un des derniers témoignages de ce passé industriel minier français.
J'ai vu les mines boliviennes et les mines du centre de la France et des Alpes. Etain, argent, charbon, toutes les mines du monde se ressemblent. Même travail harassant, même vie à part, même mentalité fière de sa condition de mineur, même nostalgie face aux fermetures d'exploitations. Pour moi, c'est toujours une nouvelle émotion de pénétrer dans les entrailles de la terre. Et même si les mines françaises ne sont pas habitées par le Tio bolivien, cette divinité dont je vous avais déjà parlé mais que je ne me lasse pas de raconter, on ressent, sous la terre, dans la pénombre, la force de la matière et de la nature, le courage des hommes et la relativité de toute chose. Loin de la surface, les choses sont immédiatement remises à leur place.
Dernier regard sur la Motte d'Aveillans. L'anthracite présent dans cette terre rude était le plus pur du monde. Le diamant a une pureté naturelle de 100 pour cent; le charbon d'ici est pur à un pourcentage de 99,5. Aujourd'hui, au musée, on en fait et vend des colliers et des bracelets, seuls souvenirs matériels de cette épopée alpine du charbon. Le seul souhait à émettre serait qu'elle ne tombe jamais dans l'oubli.

(Photos:emi)

1 commentaire:

Lilichocolat a dit…

La mine, ou l'approche émue dans la sente qui mène plus près de la palpitation intérieure de la terre. M'a beaucoup plu lors de cette visite l'histoire du compagnonnage entre hommes et rats, ces derniers prévenant l'effondrement d'une galerie ou la présence de CO2 par leur changement de comportement... en échange, les mineurs leur laissaient, reconnaissants, un relief de leur casse-croûte.