samedi 24 novembre 2012

Le cercle des amateurs d'épluchures de patates

Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, 2009.
Le titre paraît assez drôle, en tout cas il intrigue. Et encore, il ne dit pas le nom complet de ce cercle littéraire qu'est celui des "amateurs de tourtes aux épluchures de patates", créé à Guernesey pendant la seconde guerre mondiale. Nous sommes à Londres, en 1946. La ville et les âmes sont dévastées, quand ce ne sont pas les corps. Au milieu des ruines et des souvenirs de la guerre que chacun tente d'oublier comme il peut, Juliet, célèbre écrivaine et chroniqueuse de presse, fait une tournée dans toute l'Angleterre pour la promotion de son livre qui regroupe toutes ces publications journalistiques de la période du conflit. Cependant, elle est usée, lassée, ne trouve pas l'inspiration pour un prochain livre, piétine. C'est une lettre d'un parfait inconnu, membre de ce fameux minuscule cercle littéraire de Guernesey, qui va relancer sa vie et sa passion pour l'écriture. Mais, attention, ce livre n'est pas un roman au sens traditionnel du terme, guidé par un narrateur. Il s'agit en réalité d'une série de lettres échangées entre Juliet, sa meilleure amie, son éditeur, et les différents membres du cercle littéraire. Au travers de cette correspondance étonnante, inattendue, on plonge sans s'en rendre compte dans le quotidien de l'occupation de l'île, dans les horreurs de la guerre, dans des petites histoires qui en disent tellement long sur la grande. Mais le livre n'est pas non plus un livre sur la guerre. C'est avant tout un magnifique exercice de style, d'une originalité lumineuse et écrit avec un humour décapant. Tout au long du livre, les auteurs manient à merveille l'humour, la mélancolie, le récit de l'horreur et la poésie sans jamais nous laisser le temps de choisir l'un où l'autre. Une véritable comédie à l'anglaise par écrit, un récit historique épistolaire et un magnifique hymne aux petits riens. Une aventure humaine tellement quotidienne et tellement simple qu'elle en devient universelle. Une bien belle trouvaille.

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